Maintenant plus d'excuses pour le coup classique du "Ouais mais bon, tu vois quoi, tu comprends, c que..." et ne pas prendre de news. L'ère du Blog sonne le glas de la désinformation institutionnelle (celle des chinois du FBI): maintenant où que tu te trouves sur la planète tu peux savoir ce dont il retourne: Les trépidantes journées de McJanus te sont contées avec fifres z'et tambourins! ;-)

samedi, septembre 23, 2006

Moto-Doc'

...Ou le mystere de ma disparition "Blogistique" depuis les 3 derniers jours...


Si on m'avait dit que je vivrais des instants tellements intenses, sur le plan humain, ces trois derniers jours... j'aurai signe de suite sans plus attendre!

J'avais deja parle en quelques mots du Docteur Veth. Cet homme (29 ans) est un cambodgie ne en 1978, durant la guerre civile. Etant enfant lui-meme il a donc connu tous les maux des conflits armes... L'exode, la peur, le camp de refugie... l'attente... Une balle dans son corps... Puis l'exil aux USA a láge de 7 ans.

Ayant grandi dans un univers bien different de celui de ses premieres annees, il a ressenti le besoin d'aider son peuple, de faire quelque chose de sa Vie. Un Love PowaaAAaa soldia en somme!

Aujourd'hui il a donc re-emigre au Cambodge, ou il suit des etudes de medecine a l'universite de Phnom Penh!
Durant tout son temps libre (bien que le mot "temps libre" soit rellement galvaude dans ce cas precis) il vagabonde de bidonville en quartier defavorise, fournir des soins medicaux au delaisses de la societe.

Au Cambodge il n'existe aucune assurance maladie, ni aucune couverture sociale. Les pauvres sont laisses en dehors des hopitaux, mourir la, aussi miserablement qu'ils ont vecu jusqu'alors.

Lui s'eleve contre cette injustice fondamentalement inhumaine.

Nous... Nous ne sommes que ses ápotres. Nous essayons, a notre mesure de l'aider dans sa tache (immense síl en est)!

Funny thing: Il a beau etre d'une intelligence hors du commun (parcours scolaire impressionant et aura charismatique sensible), il est... conducteur de tuk-tuk! Ouu oui... il pilote l'un de ces engins pour gagner les sous qui lui servent ensuite a acheter des medicaments pour traiter "ses" patients.

Le premier jour (mercredi), nous nous sommes rendus a 45 minutes au sud de la ville, dans ce qu'il appelle un "Relocation Camp". Moi, j'aurai appelle ca un "slum", un "Bidon-ville" ou un village de tentes de fortune... le camp lui-meme est divise en trois "zones". la premiere est relativement construite de "solide". La seconde est deja plus precaire. La troisieme est TOTALEMENT insalubre, composee de bouts de bois sur lesquels tiennent des baches publicitaires recuperres qui servent de toitures.

Ironie du sort, apres le chemin boueux qui mene a la troisieme zone, le premier "abri" que nous avons vu avait un pan entier compose d'une bache avec des "smileys" dessus. Ironie... cruelle presque!

Bref, nous sommes donc arrives, Isaac, qui parle cambodgien, a demande aux habitants si ils pouvaient nous mettre a disposition un abris, avec de quoi allonger les patients a venir. "Oui". Simon, Harry (irlandais) et moi avons donc prepare la logistique pour traiter les dizaines de personnes qui accouraient deja pour voir "le docteur".

Personnellement, jái vite enfile mes gants, puis je me suis occupe principalement de traiter les "wounds", c'est a dire les blessures X et Y de tous les jours dans ce genre d'environnement, lorsque l'on marche pieds-nus: coupures, blessures, infections, vers, champignons...

La scene avait parfois de quoi pincer le coeur: des enfants nus... Des parents alcooliques... une misere sociale et morale tres noire en definitive. Un refus des anciens de prendre leurs responsabilites face au sort de leurs enfants. une volonte egoiste de satisfaire un besoin de boire... avant de satisfaire un besoin, somme toute naturel, de se vetir et de se chausser. Le probleme cést que cést bel et bien de la que tout part: si ces enfants ne marchaient pas pieds-nus dans l'eau croupie, s'ils recevaient une education sanitaire (meme succinte) il ný en aurait pas plus du tiers de ce que lón a pu voir aujourd'hui.

Clairement la solution, plus que dans le simple traitement medical, resulte dans l'eduction des plus jeunes et la prise de conscience de leurs parents.

C'est d'ailleurs en faisant remarquer cela, apres 3 heures passees de dur labeur, que notre journee a du s'interrompre. Le pere, alcoolique notoire, nous presentait ses trois enfants (tous malades) en riant, imbibe quíl etait. Isaac lui a alors fait remarquer (un peu sechement vu le ton de sa voix) qu'il nétait qu'un egoiste, comptant sur l'assistance publique pour subvenir aux besoins basiques et vitaux de sa propre famille, alors que lui satisfait uniquement aux siens personnels. S'il depensait en prevention (par exemple en chaussures) ce qu'il depense en alcool, ses enfants ne seraient pas la aujourd'hui, tout ronges par les vers, les champignons, la fievre et autres infections...

Il n'a pas apprecie. Il a repris illico ses enfants (dont sa fille, atteinte de fievre et qui etait en "consultation")... Et il est rentre "chez lui". Il a cependant continue de vociferer depuis la-bas... Et vu la situation sociale deplorable dans ce genre de quartier, ce type pourrait tres bien chercher un arme et revenir venger son honneur. On a donc du ecourter quelque peu (nous n'allions de toute facon pas tarder) et s'en aller. Il en va ainsi: la securite de "l'equipe medicale" passe avant la mission (aussi "sacree soit elle").

Vendredi, rebelotte, mais cette fois-ci au quartier "railroad station". Ironique toujours lorsque l'on sait qu'il est situe juste en face de notre guesthouse du premier jour (celle des cafards sous le lit). Je me rappelle avoir parle de ce quartier en demandant qui donc habitait dans ces taudis de l'autre cote du lac, alors que du notre on pouvait admirer un splendide coucher de soleil..

Arrives la-bas, on abien vite pu ressentir l'effet de la "Fete des Morts" sur la population de ce quartier et de Phnom Penh en general. Desert. Tout le monde est retourne dans son village natal, celebrer le souvenir des etres disparus.

Nous avons neanmoins traite quelques patients, notamment un vieil homme atteint d'hypertension et une vieille dame avec une infection des ganglions de la gorge. Evidemment, comme toujours, quelques enfants aussi, qui jouent dans les eaux insalubres qui croupissent sous leurs maisons sur pilotis...

Ayant "visite" cet endroit, nous en sommes sortis, pour nous diriger vers un autre quartier defavorise. Avant cela, a notre sortie du bidonville, un petit cambodgien (bien baleze tout de meme), tout tatoue sur le torse et les bras, avec deux balafres sur le visage, est venu serrer la main a Isaac... puis a nous! (avec un serrage de mains dignes des authentiques "gangstas" de NY). Ce type, c'est le caid du quartier... Mais c'est un gentil avec nous: nous sommes la pour aider. Cela dit, Isaac nous le dit sans detour: "You come here alone... you better have to watch your back...!"

La prochaine etape... elle est a 1 kilometre de notre guesthouse vers le sud. Dans ce quartier, des efforts drastiques sont mis en oeuvre pour le transformer, donner a Phnom Penh cette image suprennement tranquille, propre et bien-portante qui se degage deja de tant d'autres quartier, plus au nord. Les gens qui peuplent le "relocation camp"de la veille sont justement originaire de cette zone.

La situation sanitaire n'est pas reellement meilleurs qu'au camp... mais au moins les toits fuient sans doute moins! Nous sommes la, premierement, pour traiter les enfants de l'orphelinat (qui, au dires d'Isaac) est plutot une sorte de grosse magouille imondement immorale... Bref. La plupart des rares enfants que nous voyons (les autres sont partis "danser a la pagode") sont en train de tousser. Un a une forte fievre. tous semblent bien mal... et ce n'est pas pres de s'arreter puisqu'on en vient a soupconner un potentielle tuberculose parmi les jeunes. Et pourtant "l'orphelinat" a encore recemment accueilli 40 pensionnaires supplementaires.

On continue le tour dans le bidonville d'a cote. Prostituees, bebe, dispute de couple avec blessure au couteau (et c'est Bibi qui nettoie la plaie ;-)...

Aujourd'hui, rebelotte des 14h30... A l'orphelinat: pres de 40 enfants en traitement... Une situation sanitaire deplorable... mais que sont loins de connaitre les touristes de passage, guides ici par leurs guesthouses, pensant bien agir en faisant des dons a un directeur qui semble plus avide de sa propre sante financiere que de la sante de ses pensionnaires.

Une autre facette de Phnom Penh s'offre a nous. Loin du clinquant, loin du propre, loin du calme de la "Nouvelle Phnom Penh" qui etonne tant le voyageur de passage... Qui nous a tant etonne egalement il y a de cela quelques jours.

Et pourtant... humainement, je me sens comble! J'ai rencontre un "Love PowaAa Soldia" et je lái aide du mieux que j'ai pu. Avec toute mon Ame, toute mon Energie, toute ma Volonte.

Roch Hachanna s'est ainsi passe. Au milieu des fievres, des nez qui coulent, des toux... mais au milieu des sourires, de la reconnaissance et de la voie de la Guerison. J'ai bien debute l'annee...