Yom HaShoah

Aujourd'hui est la journée de commémoration des victimes de l'holocauste.
Dans la tradition juive, on en est venu a en faire une journée de symbole, que l'on appelle couramment "Yom HaShoah".

Alors a quoi sert encore une telle journée "aujourd'hui - de nos jours"?

La question est plutôt réthorique... elle devrait l'être, tout du moins!
Mais c'est malheureusement une réalité en danger: trop nombreux sont ceux qui cherchent à l'obscurcir ou à l'oblitérer des mémoires. Oh, bien sûr il y a aussi ceux qui la reconnaissent puis en banalisent ou minorent l'importance.

Des hommes, des femmes, mais aussi des états: ils sont nombreux les pourvoyeurs de cet ostracisme. Ils sont malheureusement puissants aussi... Tant que dure notre inaction.

J'entends ca et là, dans la rue ou les conversations, sur les tags et imprimé sur des affiches, toutes sortes de préjugés, de liens fallacieux et d'affirmation carrément attenantes à l'injure raciste. La "peste brune" est un mal qui sait se tapir dans l'ombre. Lorsqu'il en a l'occasion, il ressort. Il faut être vigilant.

6 millions de juifs, hommes, femmes et enfants, sont morts sur l'autel d'une idéologie ayant bâti son "pouvoir" sur la destruction. Combien étaient-ils d'autres, tziganes, opposants, homosexuels à être morts sans décompte. A n'avoir laissé qu'une maigre mémoire de leur passage sur cette terre, et de leurs souffrances dans cet enfer.

Commémorer la Shoah c'est commémorer la mort et négation de l'homme par l'homme...mais aussi célébrer la (sur)Vie et la capacité de retrouver un attribut élémentaire, celui de la compassion.

...Je m'interroge, tout de même. Quels ont été les signes précurseurs, à l'époque? Aurait-on, en vivant à cette période, pu prévoir ou chercher à empêcher ce qui s'est produit?

Et plus sincèrement, l'aurait-on fait? Aurait-on risqué l'opprobre populaire, la marginalisation ou même la mort, pour sauver des inconnus? Au fond, qu'y a-t-il à gagner à faire le Bien, lorsque la société dans son ensemble semble tournée vers de si noirs desseins?

Alors voila, "aujourd'hui" je pense nécessaire de (se) poser des questions. De connaître les réponses. De savoir l'insondable vide humain que ces millions de morts ont laissé. De mesurer l'ampleur du sacrifice des justes.

Le combat contre le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination se joue tous les jours. Nous en sommes tous les acteurs. On peut choisir d'être lâche sur une foule d'actes dont on se dit qu'ils ne sont "pas graves" ou "juste pour rire"... je le suis moi-même parfois. Mais il n'empêche que c'est ainsi que s'insèrent des préjugés qui sont le pré-requis à la déshumanisation d'un groupe ou d'une éthnie. La suite... nous l'avons malheureusement déjà connue. Bien trop souvent, du goût de tous.

***
En souvenir des membres de ma famille maternelle, décédés dans le ghetto de Varsovie ou dans le camps d'extermination de Treblinka. En souvenir des Justes de tous pays, qui ont cherché à extirper l'Homme de l'enfer, parfois au prix de leur propre vie. En souvenir de ceux qui n'ont rien fait, trop faibles, trop pleutres ou trop égoïstes pour s'y risquer...et qui l'ont un jour regretté.

Hommage:
Musique: le Partisan
Léonard Cohen, Noir Désir.