Assis dans l'avion. Tous les quatre. Finalement.
Chaque départ à toujours eu un goût spécial, à sa manière.
Parce qu'ils représentaient toujours un chapitre nouveau à écrire dans ma Vie et dans le grand projet de la ptite entreprise.
Mais cette fois le départ à une saveur bien différente. Un goût inconnu, bien particulier. Et c'est le goût de l'incertain, de l'inachevé... j'ose même le dire, le goût de l'échec, amer c'est sûr.
Après tant d'annees, après tant d'effort, après tant d'attentes, je me dois de faire face à l'évidence: c'est peut être l'une des dernières fois.
Les choses sont allées très vite ces derniers mois, et se sont encore accélérées ces dernières semaines. Jamais je n'aurais pensé ceci possible.
Mû par une motivation sans faille, une ambition débordante et l'envie de croquer le monde et m'attaquer à mes rêves avec la ferme intention de les réaliser. Tout à changé.
Le temps m'a érodé, les ambitions non réalisées ont pris leur part de ma plus belle énergie...
Aujourd'hui je suis vraiment vidé. Fatigué. Désorienté même. Combien nombreuses sont les occasions de m en rendre compte. Ces matins à me réveiller, en espérant n'avoir pas avoir entendu le réveil... ces matins à me demander "pourquoi?" se lever, avancer et faire semblant en grande partie. Cette "non-envie", la fatigue en général du quotidien.
Parce que non, à vrai dire, j'ai plus envie. Plus envie de me battre professionnellement, plus envie d essayer de faire entendre ma voix et ma vision, plus envie de faire d'efforts à construire une entreprise qui reflète mes envies et mes rêves.
Après tant de ces accomplissements intermédiaires, j en suis venu à me demander: qu'est-ce que j en attends au final? Dans 20 ans? Dans 20 ou dans 40 de cela? Je transmettrais quoi à mes enfants: à blessing or a curse
Je passe sur les nombreuses questions du quotidien, mes sourcils interrogateur, mes interlocations quasiment constantes sur l etats de l'equipe, ses qualites et ses competences... mais quand je me demande si j ai encore le feu... et bien je me dois d'y répondre honnêtement: non, plus pareil.
Je ne continue plus.
Je suis celui qui met le terme à la fête.
Tout ce que j ai construit pendant des années, certes imparfaitement, j ai le sentiment de le voir s écrouler aujourd'hui sans savoir exactement a quel moment je dois intervenir. De le voir chanceler à mesure que je doute. L entreprise et le projet de nos 15/20 ans n est plus l'ambition de nos 40/45. Forcément le réalignement est assez brutal pour être honnête.
Tout s en ressent. Parfois c est même comme si je pouvais VOIR le reflet de mon bien être et de ma relation avec mon frère-associe là-dedans. Et clairement à ce stade on.y voit pas que le meilleur. Et ça faut mal à voir. La chute devant mes yeux.
-50% de réduction de tout... clients, contrats, activités... dû à quoi dur à dire... mais le verdict est sans appel: c'est ultra technique depuis juillet, ultra-ultra technique (2x) pour cette fin d'année... a tel point qu'à ce stade c est au mois le mois et qu à chacun on se demande si la prochaine étape ne concernera pas le juge. A ce point...
Comment en est on arrivé là? Une question difficile.. aux réponses multiples selon le niveau/la temporalité considérée. J'en suis peut être la cause... comme toujours. C'est mon rôle de prendre la responsabilité. C est mon rôle de souffrir pour l équipe. De stresser. De produire. De garantir. De m inquiéter.
Honnêtement si l heure était à l'introspection, j aurai beaucoup à m'en dire. Mais l heure est plutôt à la survie. Vraiment. Si si.
La question que je me pose ce jour et depuis quelques temps deja: ai-je envie de faire survivre GV? Je m interroge forcement... Pas que cette fois-ci cela dépende de moi, bien au contraire.
Nos "gros" sont sortis, sans retour prévu, les autres sont allés voir ailleurs, ou simplement se debrouillent a l interne... onnest de retour dans le pattern du "jour le jour", a se demander un peu chaque jour de quoi demain sera fait.
Tout est court! On a compté les contrats et offres annulées par dizaines entre juillet/août et maintenant... a tel point que l'épisode est devenu chronique, et que notre pipeline s en est trouvé très (trop!) clairsemé. Ca va clairmeent plus vite de se demander qui il reste ... Plus tant de reserve... Pas de client ce mois... ni le prochain... ça va un (petit) temps, mais ça ne peut continuer trop longtemps.
Alors on s est évidemment battus, on a essayé, on a agi, on a voulu... vraiment. Tout le monde dès qu on a réalisé que CE combat serait peut être le dernier... Campagne, appels, emails/messages, lunches... site Web, SEO, images... tout et tout le reste. Et en force!
..."Too little, too late": on avait peut être déjà trop pris goût au post-entrepreneurship, post-startup. On a cru qu on était devenu des parvenus, des nantis... qui travaillent au salaire, sans penser a la survie, mais au confort. ...on s est crus "parvenus" mais on ne l était pas.
Nombreuses ont été aussi mes misconsepctions. Normal, on est toujours plus intelligents après. Mais de ce prime on peut déjà voir quelques tendances!
...et le problème c est que je me sens bien seul. Et une période comme ça me fait réaliser ô combien. Alors bien sur dans le quotidien il y a l'équipe, tous ceux qui depuis quelques temps accompagnent GV dans les aventures du quotidien. Il y a des envies, un peu de talent aussi... mais hors 9h-17h, qui reste-t-il vraiment? Qui a des idées et la vraie volonté de les mettre en œuvre? Qui reste-t-il pour walk the walk à mes côtés? Je ne leur en veut même pas si ils ne sont pas dans le même esprit...
Bien sur je "fais calimero" et je vois naturellement tout à travers mon prisme. Mais n empêche, j ai vraiment le sentiment de porter GV au bout de mes deux bras en solo pour la plupart... le poids des responsabilités, des succes bien sur, mais aussi celui des deceptions, celui de l inachevé et pour finir le sentiment de l échec me fait me poser BEAUCOUP de questions.
Peut être je suis la cause de NOTRE chute... mais peut être aussi étais-je le dernier rempart avant cela?
J ai évidemment tendance à ne voir que mes succès, mes accomplissements, et mes paris gagnants... mais il n y avait pas que cela c est certain. Alors c est ce que chacun veut entendre? L échec des fondateurs, la success story gone wrong...? On y est. Honnêtement, dans les 25 ans de GV, je ne vois que deux périodes "critiques" la première en 2018 pour la restructuration de l'annus horibilis... et maintenant. Si on survit, on pourra en parler, en rire peut être. En attendant le mood n est clairement pas au fun. Plus de projets, plus de sous, plus de limite... on est VRAIMENT back to the wall a présent, chaque mois qui passe en lutte pour notre survive. Ne pas savoir qui je vais revoir "lâcher" ensuite est ce qui me pose. Je passe des dizaines d heures a réfléchir, a me questioner, a scenariser... je n avais jamais vecu cela avant.
Je suis le gars avec le doigts sur le bouton. Je peux clairement ressentir ce qui serait le mieux pour moi. Mais je ne suis pas seul. De chacune de mes decisions, a fortiori les importantes, dependent des Vies, et des avenirs... qui comptaient sur moi.
Quand déjà on sait que c est pas la fete des projets, que notre pipeline peut être vu a travers tellement il est fin, que même le patron peine a se re-motiver vu les circonstances... que faire?
Ce soir, je m envole avec toutes mes questions, direction le Vietnam. Une fois de plus. Une fois encore. Cette fois ci par contre, avec ce nouveau chapitre qui s écrit, il est peut être temps de m'inventer un autre rôle dans l Histoire de ma Vie.
Lequel?