Zagreb
J'avais promis de revenir et m'étais juré de le faire. J'ai tenu promesse.
Lorsque je venais en Croatie étant enfant, j'avais eu l'occasion de construire quelques rares souvenirs qui m'habitent aujourd'hui encore. A l'époque, il n'était pas question de prendre l'avion et c'est donc en voiture que toute la famille venait passer les vacances à Zagreb, Porec ou Vrsar. J'avais entre 2 et 4 ans.
J'ai ainsi gardé quelques images très intenses, quoique malheureusement peu nombreuses. Parmi toutes ces souvenirs j'ai celui du «maïs grillé sur le port», mais aussi celui des «pizzas plus grande que l'assiette que j'avalais tout rond », sans oublier «la structure sur l'autoroute au soleil couchant», «les nuages noirs au-dessus de l'horizon de la mer» ou encore «la voisine du portail d'en face, de l'autre côté de la route pavée, et de nos hello échangés». Enfin, il y a les poissons fraîchement pêchés avec lesquels on se prenait pour Neptune en les «dirigeant».
Tout cela pour dire que l'évocation de la Croatie évoque en moi des souvenirs que je souhaitais, un jour ou l'autre, «confronter» à la réalité. J'étais déjà revenu, pour la première fois, il y a deux ans et demi de cela, en décembre 2004. J'y avais retrouvé Verica et j'avais réellement apprécié mon séjour.
Aujourd'hui, je suis revenu pour la revoir en premier lieu, comme je le lui avait promis. J'avais hâte de la revoir et je souhaitais qu'elle sache que je tiens à elle! De plus, j'avais aussi une envie croissante de «voir la Croatie en été » ainsi que je l'avais connue étant petit.
Hier, j'ai donc commencé mon périple. Le voici ici conté:
A la bourre, comme d'hab' un jour de départ, j'ai demandé à Wrech de piloter le veau une fois que je me serai auto-conduit à la gare. Au vu de son acceptation, je me permet encore le luxe (tout relatif) de me faire des sandwichs qui me permettent de liquider le contenu du frigo: deux sandwichs à la truite fumée, quatre sandwichs au jambon et gruyère. J'emballe le tout, j'embarque encore deux pommes et un yoghurt (Toni à la fraise, mMmh!), je fais un p'tit calin à Zouzou avec les recommandations d'usage... et je fonce à la voiture.
A Rive, on embarque Wrechiño et tous les deux on se dirige vers la gare. Il est déjà 15h30 et mon train part à 15h45. De plus, il me faut encore quérir un billet... voila qui garantit d'être sport.
On traverse «à la trash » le pont du Mt-Blanc, puis on commence à remonter les Pâquis en direction de la gare... mais pas assez vite à mon gout! Il est 15h37... je décide alors de faire l'action qui sauvera l'ensemble du trip: je sors de la voiture, met mon sac sur les épaules, aggripe ma sacoche et mon sac de victuailles... et je me met à courir comme un barge vers la gare! Rrién à foutrRré dé rRriénNn!
J'arrive épuisé, claqué et ratiboisé, mais ce n'est pas encore le moment de rendre l'âme... Il me faut un billet de train, il sera toujours temps pour une syncope juste après! Je zieute la queue auprès du guichet: je l'estime à 5-10 minutes, car cela risque d'être difficile de passer devant les 10-15 personnes qui attendent déjà! Là encore: le geste qui sauve: le distributeur automatique de billets... Faut me voir: tout suintant comme un boeuf, chargé comme un mulet et en train de parler au distributeur (c'est la première fois que je l'utilise, alors j'implore son indulgence et sa rapidité)... Il est 15h40.
Mon billet est imprimé! Alleluihah! ...reste encore à ne pas rater le train, même avec un billet en main! Je recommence donc à courir jusqu'au quai 4... Je finis à peine de monter les escaliers que le traine ntre en gare sous les vivats des dizaines de militaires qui l'attendent en chantant et en buvant moultes cervoises tièdes.
Je ne peux pas y croire! Je suis en train de partir! Je monte dans le train et je cherche une place ou je serai seul, n'ayant de ce fait pas à imposer mes abondantes sudations post-traumatiques à un pauvre voyageur malchanceux. Je trouve... mais du coup c'est moi qui devient le voyageur malheureux lorsque les militaires (tous des suisses-allemands) se mettent à chanter à tue-tête des chansons de saoulards, à faire des garde-à-vous (« achtung ») et autres trips verbaux que eux sont seuls à comprendre... Leurs diatribes sont fréquemment interrompues par des eructations fort impressionnantes ma foi!
Dans tout ce bordel, moi je suis quand même bien content d'être «On ze rail» alors je ne me plains guère et ca me fait finalement plutôt bien marrer! Ils chantent, ils gueulent tout simplement, ils rotent, ils racontent des trucs impossibles et saluent tous ceux qui passent vers eux... A un moment y'en à même un qui justifie: « ekzkusSsez-nous... z'est le ternier chour à le armée swiss... » (je n'en suis pas certain mais je crois bien que c'est lui qui a ponctué tout cela par un impressionnat rot de 2,7 secondes, de grande classe et traduisant mieux que tout une alcoolémie certaine et un soulagement évident).
Comme un grand, j'ai alors continué mon voyage... Dessinant un peu, prenant quelques photos et somnolant vaguement le reste du temps... J'ai liquidé au plus vite mes deux sandwichs à la truite car en cas de mauvais passage, mieux valait encore que cela se passe dans le train sur territoire suisse, que dans un car quelque part entre l'Italie, la Slovénie ou la Croatie...
Une fois arrivé à Zurich, je me suis mis en quête du «carparkplatz am sihlquai », là d'où part le bus pour Zagreb. Je marche jusque là, puis je cherche le bus en question. Je spot un groupe de gens à l'air balkanique et je me joins à eux. Bla bla bla... ca papote et tout... j'arrête une fille et je lui demande si c'est bien le bus pour Zagreb. «Yes, but you better ask twice! » Ni une ni deux, j'essaie de mettre la main sur le type qui semble gérer la cohue (Oui oui, je n'exagère rien!) et je lui demande en lui montrant mon billet: « Nie »... alors que pourtant je viens de voir que c'est écrit que le bus va à Zagreb... Bon, alors soit. Je le suis et je demande à son collègue qu'il a rejoint. Il me regarde du style j'ai l'air de bien le saoûler avec ma question à deux balles... « Not this bus. Old bus... » puis il pointe le nom de la compagnie « Alsa »... et débrouille toi avec ca mon grand!
Je suis pas sûr d'avoir tout compris, mais ce n'est visiblement pas lui qui m'emmenera. Il est 18h58 et je n'ai donc plus que 2 minutes au chrono. Je me remet à courir avec mon sac sur le dos, ma mallette et mon sac de victuailles ;)
Je trouve enfin le bus (le bon)... j'ai le temps de mettre mon sac dans la soute puis de monter; ils ferment juste derrière moi et à peine suis-je assis que le bus se met en mouvement. Je réalise à grand peine: je pars à Zagreb, pour de bon!
La suite? Un voyage en bus classique: il pleut sur toute la partie helvète du parcours, les sièges sont relativement serrés et moi je peine à trouver la «millions dollar position »... On fait une pause toutes les 3-4 heures... On va dans des grosses aires d'autoroutes: on y rencontre plein d'autres touristes balkaniques. A la pause de 3h du mat' dans le bus garé juste à côté et estampillé «Turista Kosova » c'est carrément une vieille dame, une femme et ses deux gosses qui sont en train de se faire sortir leurs bagages par le chauffeur (j'ai pas compris la raison exacte, mais y'avait visiblement un désaccord).
On fera trois pauses en tout dans le trajet. On a traversé trois frontières (suisse-italie, italie-slovénie, slovénie-croatie). On s'est tapé 2'000 bornes. J'ai eu des fourmis dans chacun des membres de mon corps à son tour! J'ai dormi à tout péter trois heures, en étant entrecoupé d'au-moins 15 ou 20 réveils...
Bref.
17h30 de voyage plus tard: me voici à Zagreb! ...et bien content d'y être!
36 degré à mon arrivée le matin à 9h30, 39° un peu plus tard dans la journée! Ce sont effectivement de chaleureuses retrouvailles ;)
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