Ce n'est un mystère pour personne: internet ne dort jamais et évolue constamment. Le nouveau tournant dans son évolution semble bien nous mener tout droit vers un retour aux sources: le temps de l'utopisme collectif et celui d'une collaboration participative de chacun dans l'édification du savoir universel "
is back".
Pour illustrer la collaboration dans le domaine de la cartographie et de l'imagerie satellite, nous prendrons l'exemple du site
www.wikimapia.org. Cet article se penchera donc tout d'abord sur les origines de ce service, puis nous nous intéresserons à son mode de fonctionnement. Enfin nous trouverons quelques exemples cocasses ou intéréssants vus du ciel et montrerons par cette série d'exemple la formidable liberté d'expression que permet internet.
Pourquoi un tel nom, Wikimapia?
Le terme "
wiki" provient de la langue hawaïenne, et signifie "rapide" ou "informel". Rapporté au domaine d'internet il décrit un système de gestion participative, en ligne, par des utilisateurs anonymes ou autorisés. Son mode de fonctionnement induit une absence quasi-totale de contrainte pour les participants à la rédaction ou à l'édification d'un projet. L'ensemble du projet étant en ligne, celui qui modifie une partie de ce dernier peut également le modifie tout entier.
Depuis quelques années le phénomène du Wiki a trouvé pléthore d'applications, très diverses les unes des autres. Sans nul conteste, le plus grand succès du Wiki à ce jour reste l'encyclopédie
Wikipedia (=Wiki-encyclo-pedia). En effet, les millions d'internautes qui le consultent chaque jour bénéficient du savoir dispensé par plus de 5 millions d'articles dans près de 250 langues différentes. Cette position enviable fait de ce Wiki l'un des "happy few" du top 12 des sites les plus fréquentés sur internet
(source).Comment définir Wikimapia?C'est un projet créé par Alexandre Koriakine et Evgeniy Saveliev en mai 2006. Sur la base de l'imagerie satellite civile fournie par ses partenaires, Wikimapia permet de survoler la terre en images. Le but avoué de ce wiki est de "Décrire la Terre Entière", du plus insignifiant bar perdu au milieu de nulle part jusqu'au silos de missiles nucléaires en passant par les universités et les centres de recherche.
Il y a, au mois d'octobre 2006, 1'923'754 places recensées (Source:
official Wikimapia Blog) sur la planète wikimapia. Le deuxième million est largement dépassé dès avant la fin de l'année 2006. A la date du 20 janvier 2007, 2'516'949 places ont été marquées un peu partout sur la terre.
Le succès est croissant et la dynamique médiatique qui se met en place à son sujet ne vient que renforcer la tendance qui se dessine d'ores-et-déjà.
Wikimapia est un service encore modeste mais dont l'avenir semble prometteur: sa position actuelle est celle du 2'438ème site le plus fréquenté du web
(source).
La manière de concevoir le site souffre cependant d'un bémol de taille. En effet, il faut souligner l'absence de politique définie sur le statut des contributions: seront-elles libres à jamais ou courent-elles le risque d'être revendues à prix d'or? Pour le moment nul ne le sait et c'est bien cela la seule chose qui pourrait venir freiner ce succès en devenir.
"J'ai toujours rêvé de voler, comment procéder?"
Vous avez toujours envié les riches spatio-touristes? Vous êtes un (éternel) enfant et iriez bien faire un tour à Disneyland? Vous êtes un passionné et rêvez de voir les grottes de Lascau, vues du dessus? Vous êtes analystes-stratégique et cherchez à identifier certaines structures sensibles? Vous avez simplement envie de "survoler" la Terre et le Web...?
Bref, si vous aussi vous souhaitez user des possibilités de cette coopération "spatio-descriptive", connectez-vous sur
www.wikimapia.org et naviguez selon la méthode décrite ci-dessous:
Figure 1: Ecran initial de Wikimapia.com
En se loggant pour la première fois sur le site, on arrive automatiquement sur une page montrant la terre de manière générale. Seules les pays les plus clairement identifiables sont indiqués.
Figure 2: Menu général.
Cette barre, située en haut à droite de la fenêtre, permet de clarifier le fonctionnement de Wikimapia. Elle indique le nombre de lieux référencés sur la terre. Un bouton dédié permet d'en ajouter de nouveaux ("add place"). Le menu "Wikimapia" sert, lui, a effectuer des recherches et exporter ses résultats sur une autre page web ("Map on your page"). "View" permet de changer le type des cartes (satellite, routier ou hybride). Enfin, le menu "language" devrait permettre de changer les paramètres de langues du site (mais n'influe pas sur les commentaires affichés).
Figure 3: Menus détaillés.
Ces menus généraux, une fois déroulés offrent un large choix de possibilités d'action. Possibilité d'ajouter de nouveaux marqueurs ou de rechercher parmi les marqueurs existants en effectuant une requête direte (ex. Search places-> "Taj Mahal") ou un tri (ex. search tag ->"temple").
Figure 4: Indicateur du niveau de zoom.
Cet outil, situé en haut à gauche de la fenêtre, permet de repèrer l'échelle de zoom de l'image que l'on regarde. Dans le cas présent, nous avons un zoom très large qui ne permettra en aucun cas de distinguer des détails au sol. Il faut pour cela cliquer sur le bouton "+" (en haut) pour se rapprocher de la surface et distinguer les détails.
Descente sur la Terre:La séquence d'images ci-dessous montre un rapprochement conséquent sur un sujet défini au sol. Notons au passage que la zone géographique sur laquelle s'oriente la recherche permet l'affichage de données qui ne seront pas toujours disponibles pour d'autres pays/régions (ie. réseau routier). Mentionnons également que la qualité des images est sujette à variation selon les zones géographiques étudiées.
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Procédure d'ajout:
Tout l'intérêt de cet outil réside dans sa possibilité d'y rajouter soi-même les lieux de sa connaissance. Pour cela, il est largement préférable d'être un utilisateur enregistré (Menu->wikimapia->Login/register), dans la mesure ou cela permet de garder un historique des places créées ou modifiées et devra, à l'avenir, offrir encore d'autres possibilités (non-précisées pour le moment).
Pour ajouter un lieu, rien de plus simple. Il vous suffit d'afficher le lieu, puis de cliquer sur le bouton rouge "add place" en haut à droite de la fenêtre. Il apparaîtra alors une fenêtre de ce type:
Déplacez ce rectangle jusqu'à ce qu'il recouvre la zone que vous souhaitez marquer. Cliquez ensuite sur "save". Une fenêtre de description apparaît:
A vous ensuite de remplir les champs en fonction de vos connaissances de l'endroit. Indiquez tout d'abord dans quelle langue sera faite la description, renseignez ensuite sur la nature et surtout l'intérêt du bâtiment (public ou privé). Ensuite donnez lui un nom: celui-ci sera le titre affiché lors du survol de la zone par un visiteur. Donnez encore une description, si possible détaillée de la zone, ou inscrivez-y des références (éventuellement sous forme de lien hyper-texte). L'avant-dernière case est dévolue aux mots-clefs, c'est-à-dire pour les termes de recherche les plus communément utilisés: soyez inventifs et sachez répondre aux attentes de vos congénères! Enfin la dernière zone de texte sert à insérer un éventuel article de wikipédia qui se rapporterait à la zone que vous avez décrite...
"Big BlôÔôgger is watching you":
Depuis les prémisses de l'aviation, on s'est servi de cette capacité de voler pour mieux observer notre planète. Les photos aériennes servaient à identifier des structures, des objets au sol et des zones d'intérêt plus général. Après les Tupolev, Canberra, U-2 et autres drônes sans pilotes, la technologie satellite permettait une collecte d'informations objectives et sûres, prêtes pour analyse. Remarquons que la complexité et les coûts de ce type de surveillance aérienne était alors extrêmement coûteux et, bien sûr, reservé aux seuls états souverains pourvus de moyens financiers conséquents.
Cependant, avec les progrès de la technologie les choses ont commencé à changer. Certaines entreprises privées, telle que
DigitalGlobe (depuis 1993), proposent des cartes de grande qualité à la vente. Très vite cette possibilité innovante à été utilisée par les sites de renseignement, d'information stratégique et d'analyses géo-politiques. Ainsi, des sites tel que
GlobalSecurity publient chaque semaine une analyse détaillée des "points chauds" sur la base de l'imagerie satellite commerciale.
On le voit bien, l'imagerie satellite civile a le potentiel pour déranger. Aucune structure civile ou militaire n'est désormais à l'abri de l'oeil de Damoclès de la société civile. Il est certain que certaines d'entre elles ont même de quoi redouter ces incursions au-dessus de leur espace aérien et spatial, que d'aucuns qualifieraient même de vital.
Si vous aussi vous avez toujours rêvé d'être espion, scientifique ou grand conspirateur devant l'Eternel, rendez-donc visites aux complexes ci-dessous :
National Security Agenca (NSA), USA:
lienNellis Air Force Base, USA:
lienPas de tir des navettes de la NASA:
lienSilo de missile nucléaire en Russie:
lienBase de sous-marins nucléaires, Russie:
lien1 ::
lien 2Centrale nucléaire de Tchernobyl, Ukraine:
lienCentrale nucléaire du Tricastin, France:
lienDépôt de matières explosives de l'Armée Populaire, Chine:
lienCMAC demining center, Kampong Chhnang, Cambodge:
lienGigantesque hôtel de 105 étages à PyongYang, Corée du Nord:
lienShoal Bay (station du réseau ECHELON):
lien (
Wikipedia)
Bad Aibling, Allemagne
lien (
Wikipedia)
Wahopai:
lien (
Wikipedia)
National Reconnaissance Office (=satellites), USA:
lien (
Wikipedia)
Central intelligence Agency (CIA), Langley, USA:
lienMI5 Headquarters, Londres, Angleterre:
lien (
Wikipedia)
Tour eiffel:
lienPetronas towers , Malaysia:
lienForbidden city, Beijing:
lienPentagon, USA:
lienNellis AF base (area 51):
lienSydney Opera:
lienTour de Pise, Italie:
lienNorth Korean Leader's Residence:
lienAeroport, Darfour, Soudan:
lienHeathrow International Airport, Londres, GB:
lienGoogle Headquarters, California, USA:
lienFSB headquarters:
lienAlcatraz:
lienArecibo observatory, Puerto Rico:
lienVolcan Mont Etna:
lienSphinx, Egypte:
lienAngkor Wat, Cambodge:
lienUsine de voiture (Peugeot-Citroën), France:
lienRaffinerie, Liberia:
lienCentre d'enrichissement d'Uranium de Natanz, Iran:
lienComplexe nucléaire de YongByon, Corée du Nord:
lienBase aérienne de Sunch'On, Corée du Nord:
lienPas de tir de missile ballistique de Musudan-Ri, Corée du Nord:
lienVous prendrez bien un peu d'Avenir: Il importe de préciser qu'il n'existe, à ce jour, aucune politique définie sur le devenir des informations fournies à Wikimapia. A l'inverse de Wikipédia, dont le contenu est destiné à demeurer libre de droits
ad eternam, Wikimapia ne s'est contraint par aucune déclaration officielle au sujet d'une éventuelle license sur ses informations. Certains craignent donc que la plateforme et ses descriptions ne servent un jour, à remplir les poches des créateurs pour le plaisir d'un nombre restreint d'élus...
A l'interne, les utilisateurs demandent une amélioration du système de marquage. En effet, celui-ci ne permet pas de bien circonscrire les zones d'intérêt à l'aide de la séléction rectangulaire. Ainsi, une amélioration d'ores-et-déjà annoncée est l'inclusion d'un système polygonale de sélection. Une amélioration qui se fait cruellement attendre par près de 2 millions de zones "taillées larges".
Le premier "croisement" a eu lieu récemment:
Google Earth, le projet global de Google, est désormais couplé avec Wikimapia. Pour réaliser cette amélioration majeure, un partenariat à eu lieu, qui permet à Google d'intégrer les définitions de Wikimapia dans son soft, en téléchargeant simplement, et toujours gratuitement, un add-on (
disponible ici)
Cependant, signalons aussi de nombreuses initiatives privées émanant d'autres internautes désireux de développer des applications annexes. Celles-ci sont déstinées à compléter les points de détails qui leurs semblaient inachevés dans ce projet. C'est ainsi le cas de
Blog-a-Bond, plus particulièrement déstiné aux voyageurs désireux de réaliser une carte satellite interactive de leur péripéties à l'autre bout de la terre. "
Spot or Not", lui, est un service proposant des échelles gradués qui tendront à définir un classement des zones les plus intéréssantes de la planète.
Enfin, on peut espérer, dans un avenir plus lointain, voir un couplage de wikimapia avec d'autres portails de cartographie nationaux (tel que
Geoportail pour la France), qui offrent généralement des clichés de bien meilleure qualité, notamment pour les zones rurales ou à relativement faible densité de population.
"Ladies & Gentlemen..."Nous arrivons au bout de ce voyage virtuel au-dessus des vertes steppes et des noirs desseins de l'imagerie satellite sur internet. Nous recommandons à tous les passagers de manier ces données avec prudence, tant la température extérieure peut être chaude et pourrait (trop) vite devenir brûlante.
Sur ces bonnes parole il ne reste plus qu'à prendre congé de vous, à vous souhaiter un bon séjour sur la Terre... Et pour vos escapades, nous vous souhaitons "
Bon vol"!